Histoires de mirages by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: non lu, Science Fiction
Publié: 1984-06-11T22:00:00+00:00

Dans le taxi qui le ramenait à son conapt des faubourgs résidentiels de Chicago, Douglas Quail se disait : C’est vraiment bon d’être de retour sur Terra.

Déjà, la période d’un mois passée sur Mars avait commencé à s’estomper dans sa mémoire ; il conservait seulement l’image de profonds cratères béants, d’une érosion générale des collines, de la vie, du mouvement lui-même. Un monde de poussière où presque rien ne se passait, où une bonne partie de la journée était consacrée à contrôler et à recontrôler sa réserve portative d’oxygène. Et puis les formes de vie : les humbles cactées et les ascarides.

Justement il avait ramené plusieurs exemplaires moribonds de la faune martienne ; il les avait passés en fraude à la douane. Après tout ils ne représentaient aucun danger, ne pouvant survivre dans la pesante atmosphère terrestre.

Fouillant dans la poche de sa veste, il chercha la boîte d’ascarides martiens.

Et à la place il trouva une enveloppe.

L’extirpant de sa poche, il découvrit à sa grande perplexité qu’elle contenait cinq cent soixante-dix poscreds en petites coupures.

D’où cela me vient-il ? se demanda-t-il. N’ai-je pas dépensé tous les creds que j’avais au cours de ce voyage ?

Accompagnant l’argent, il y avait un feuille de papier portant les mots suivants : Remboursement de la moitié du tarif, de la part de McClane. Et puis une date ; la date d’aujourd’hui.

« Recall, dit-il tout haut.

— Souvenir de quoi, monsieur ou madame ? s’enquit respectueusement le robot-chauffeur.

— Avez-vous un annuaire ? demanda Quail.

— Certainement, monsieur ou madame. » Une fente s’ouvrit d’où tomba un annuaire microfilmé du comté de Cook.

« Ça s’écrit bizarrement », fit Quail en feuilletant les pages jaunes. Il sentait la peur le gagner ; une peur tenace.

« Là, voilà ! s’exclama-t-il. Amenez-moi là-bas, à Rekal Inc. ; j’ai changé d’avis, je ne veux plus aller chez moi.

— Bien, monsieur ou madame selon le cas », acquiesça le chauffeur. Un instant plus tard, le taxi filait dans la direction opposée.

« Est-ce que je peux me servir de votre téléphone ? demanda-t-il.

— Je vous en prie », répondit le robot-chauffeur. Et il lui présenta un vidphone emperor trois dimensions et couleur, flambant neuf.

Il composa le numéro de son conapt et au bout d’un court instant il se trouva confronté à l’image miniature, mais d’un réalisme qui le glaça, de Kirsten sur le minuscule écran.

« Je suis allé sur Mars, expliqua-t-il.

— Tu es soûl, firent ses lèvres méprisantes. Ou pire.

— C’est la vérité ; j’te l’jure.

— Quand ça ? questionna-t-elle.

— Je ne sais pas. » Il se sentait l’esprit confus. « Un voyage simulé, je crois. Par une des boîtes de souvenirs artificiels ou extra-factuels ou je ne sais quoi. Ça n’a pas marché. »

Kirsten reprit dédaigneusement : « Tu es vraiment soûl. » Et elle interrompit la communication. Il raccrocha alors, sentant le rouge lui monter au visage. Toujours le même ton, se dit-il échauffé. Toujours le dernier mot, comme si elle savait tout et moi rien. Quel mariage, Seigneur ! pensa-t-il, tristement.

Un instant

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